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Maison de la solidarité internationale

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Les aventures des retraitées actives

Arrivées à Ayacucho après un vol de nuit et deux escales, nous nous installons à l’hôtel pour débuter les trois jours d’acclimatation à plus ou moins 2700m d’altitude. Nous avons été accueillies à l’aéroport par Teresa et Vladimir de Hatun Sacha, l’organisme avec lequel nous allons travailler ici. Les premiers jours ont été un peu difficiles pour moi, le manque de sommeil affectant mon système digestif. Ayant eu des expériences similaires par le passé, je sais que ça va passer avec le temps et la patience. Le groupe est très réceptif à ma réalité, Flavie est très attentionnée et Suzanne partage son pot de beurre d’arachides avec moi, car je sais que c’est quelque chose que je peux bien digérer. 

 

Ces trois premiers jours nous permettent de prendre contact avec les gens d’ici, connaitre un peu de leur mode de vie ainsi que de récupérer du voyage. Nous avons visité le marché central où on retrouve de tout, la cathédrale, le marché des artisans installé dans une ancienne prison et nous avons gouté à la gastronomie péruvienne. Ayacucho est une ville agitée, cacophonique, les rues débordent de vie, de couleurs, d’odeurs, le rythme est lent et tout autour est étrangeté et étonnement. Ayant très peu de signalisation dans la ville, ce sont les klaxons des autos et des motos qui dirigent la circulation, accompagnés par les sirènes de systèmes d’alarme, le jappement des chiens, etc., bref, un brouhaha continuel peu importe l’heure du jour ou de la nuit. Chose importante pour nous toutes, Teresa s’est occupée d’équiper chacun de nos cellulaires avec une carte SIM du pays afin que l’on puisse avoir accès à l’internet, autant pour communiquer avec nos familles au Québec que pour pouvoir utiliser une application de traduction afin de faciliter la communication en espagnol avec nos familles péruviennes. 

 

Le déménagement vers Socos, à 30 minutes de Ayacucho et un peu plus haut en altitude (+/- 3200m), se fait dans deux taxis. À la place centrale du village, nous attendons l’arrivée de nos familles d’accueil avec curiosité et un brin de fébrilité. Les dames péruviennes ont toutes à la main un bouquet de fleurs en guise de bienvenue. Une fois toutes les familles arrivées, chacune repart avec ses bagages vers la maison qui nous accueillera pour le reste du séjour ici. Une fois nos choses déposées, nous allons visiter les autres pour savoir où chacune de nous va résider. Flavie, la jeune responsable du groupe de retraitées actives, était venue la veille afin de nous répartir entre les familles qui nous reçoivent. 

 

Lysanne se retrouve chez Ruth et, arrivée à la maison, elle reste assez surprise de tomber face à face avec un veau! Sur le coup, elle croit que c’est un gros chien, mais non… Elle est déjà sortie de sa zone de confort et se sent comme « Lysanne à la ferme» avec poules, coq, chats, chiens et le veau qui se promènent dans la cour intérieure. La famille est là pour l’accueillir. Elle essaie de parler espagnol, mais c’est l’anglais qui sort en premier, suivi d’un mélange de trois langues. La communication n’est pas fluide, mais les membres de la famille sont patients. Elle utilise le traducteur sur son cellulaire, ce qui facilite les échanges. Elle a apporté un livre du Québec avec des images, elle leur présente sa région et ses hôtes sont curieux, intéressés et lui posent des questions. Ensuite, ils l’amènent visiter l’arrière cours où elle découvre quatre ou cinq vaches et un bœuf. Aucun doute, elle est bien Lysanne à la ferme au Pérou! 

 

Guylaine avait remarqué une jolie jeune femme avec un bouquet à la main qui se dirigeait vers nous. Elle l’observait et avait souhaité que ce soit elle sa « maman d’accueil ». Elle trouve que son visage est doux et bon. Son souhait fut entendu et elle se retrouve dans la famille de Yanet. Elles se dirigent ensemble vers la maison, et une fois changée, Guylaine se sent fatiguée, fébrile et heureuse. La famille de Yanet compte cinq personnes avec son mari Marcelino et les trois enfants, plus Scay, le chiot de la maison. Marcelino est très habile, c’est lui qui a construit la grande maison où ils habitent. Yanet a des doigts de fée, elle brode et cuisine bien. Ce sont des gens fiers et travaillants. Ils sont accueillants et généreux et Guylaine sent qu’elle fait facilement partie de la famille. Les tentatives de communication en espagnol ne sont pas toujours faciles et se terminent souvent par des éclats de rire. Un beau premier contact, et comme dit souvent Guylaine : « Je suis au Pérou! ». 

 

Suzanne est dans la famille de Martha, la première dame qui est arrivée à la place centrale bouquet en main. Sa résidence est la plus éloignée du centre du village, et une fois rendue sur place, elle se retrouve dans une situation de désenchantement total. Elle sent que les conditions dans lesquelles elle aura à vivre la durée du séjour sont très différentes des autres membres du groupe : cuisine rudimentaire où l’on mange assis près du sol avec son plat sur ses genoux; chambre avec seulement un lit, pas de table ou autre pour mettre ses affaires; beaucoup de mouches, etc. Martha, la mère de famille, lui montre sa chambre et disparait. L’absence d’un accueil dans la famille rend son intégration difficile. De plus, le bruit occasionné par des portes en métal ou celui d’un cellulaire avec le volume au maximum perturbe souvent son sommeil. Pour Suzanne, toutes ces conditions réunies seront ce qu’elle considère comme étant son « choc culturel » et elle se dit qu’elle doit trouver ses outils et ressources pour accepter cette situation. Au fil des jours, après avoir exprimé comment elle se sentait, elle choisit de vivre ce qu’elle a à vivre dans cette expérience et d’accepter les circonstances de son séjour à Socos. Elle décide d’appeler une de ses filles qui parle bien l’espagnol. Celle-ci parle avec Martha et sa belle-fille Nieve, et ceci contribue à améliorer la communication entre Suzanne et sa famille d’accueil. La fille de Suzanne l’encourage à continuer dans cette famille malgré les conditions d’hygiène qu’elle trouve très difficiles. Elle se ressource dans les activités que nous faisons avec le groupe pendant les journées et établie une relation avec Nieve et son garçon Tiego. 

 

Pour ma part, je suis dans la famille de Rocio et Franck avec leurs filles Gemina et Flor ainsi que leur petite-fille de deux ans Aylin. Une fois mes choses installées dans ma chambre, je suis partie avec mes « parents péruviens » à leur parcelle de terre en montagne où ils cultivent beaucoup de légumes et céréales. Leurs vaches sont également libres sur leur terrain. Je suis montée en haut avec Rocio, tranquillement, en prenant des pauses de temps en temps pour que je reprenne mon souffle, car je ne suis pas encore accoutumée à l’altitude. Une fois rendues en haut, elle a coupé des herbes que nous sommes allées donner aux cochons d’inde dans une cabane. Elle a bien rit quand je lui ai dit que chez nous, les cuys1  sont des animaux domestiques comme des chats et les chiens et qu’on ne les mangeait pas! Je me sens bien ici, tous les membres de la famille sont agréables, des gens aimants avec une grande ouverture à la différence, curieux de connaitre ma réalité au Canada et aussi d’apprendre l’anglais! Je m’adapte à leurs horaires de repas et je me sens de plus en plus à l’aise parmi eux. Un soir, Rocio m’a amené chez ses parents qui habitent tout près pour le repas du soir. Je me suis retrouvée dans une cuisine extérieure avec une belle dame qui ne parle que le quechua. Quand Gimena est arrivée avec Aylin, j’étais en compagnie de quatre générations de femmes de la même famille! Aussi, Franck aime partager des vidéos avec moi sur des festivités à Socos, comme le carnaval qui a eu lieu juste avant notre arrivée en février. 

 

Le lendemain matin de notre arrivée, nous avons fait le tour des endroits à connaitre dans Socos avec Teresa et Vladimir : les trois écoles où nous allons travailler, le centre de santé, la salle communautaire, le stade de sports, etc. Ensuite, nous avons été reçues dans les bureaux de la municipalité par le maire et d’autres employés de la ville, et Teresa leur a présenté le projet de Hatun Sacha en collaboration avec le Crédil et Québec sans frontières. Dans l’après-midi, ce fut la présentation du calendrier avec la description des différents travaux que nous serons appelées à faire au cours des prochaines semaines. 

 

La première semaine, nous avons commencé dans les jardins des différentes écoles à solidifier les planches qui font les contours des surfaces de culture, désherber les allées et autour des plants qui s’y trouvent déjà et planter des légumes dans les espaces vides. Le groupe travaille bien ensemble et Teresa semble très satisfaite des jubiladas2! Nous avons également planté des légumes dans la serre communautaire après avoir préparé une parcelle. Comme il pleut beaucoup presque toutes les nuits, la terre était plutôt gorgée d’eau et ceci rendait la surface de plantation très difficile à travailler. Le vendredi, nous avons commencé l’entretien des séchoirs solaires pour les fruits qui sont installés dans chacune des écoles.  

 

Notre premier weekend, nous sommes retournées à Ayacucho le samedi pour la journée : régler de petits problèmes de données sur nos cellulaires, retour à l’atelier d’artisanat visité auparavant pour effectuer quelques achats, promenade dans les rues autour du marché central, dîner dans un très bon restaurant, etc. Le dimanche a été une journée de repos, de lavage de linge et autres petites choses chacune de son côté. 

 

La deuxième semaine de travail a été plus courte, seulement de trois jours. Nous avons continué l’entretien des séchoirs solaires dans les écoles et avons assisté à une démonstration de l’utilisation de ceux-ci aux professeurs du secondaire par Teresa. Également, Guylaine, Lysanne et Suzanne ont fait chacune une courte présentation de leurs expériences de travail. Guylaine a parlé de ses nombreuses années à la direction d’un CPE aux professeurs de la garderie. Celles-ci ont été très intéressées, ont posé beaucoup de questions et Guylaine a terminé en leur montrant des photos du CPE. Lysanne a présenté un court résumé de ses années au sein de la DPJ et son travail avec les adolescents arrivants à l’âge adulte. Encore une fois, les professeurs étaient curieux autant d’approfondir certains aspects du travail de Lysanne que de savoir comment se passe notre séjour ici à Socos. Suzanne a fait son exposé sur ses années en enseignement au niveau primaire avec le personnel de l’école primaire de Socos. 

 

Nous sommes maintenant à la pause de mi-stage et allons nous rendre à Cuzco pour visiter le Machu Pichu et autres vestiges de la civilisation Inca. Hasta la proxima!